
Lettres à mes enfants : pardon pour cette vie d’avant

Pendant longtemps, je me suis tue.
J’ai fait semblant d’aller bien, pour vous, pour moi, pour sauver les apparences. Mais la vérité, c’est que cette vie d’avant et le début de ma/notre nouvelle vie nous ont tous marqués.
Aujourd’hui, j’ai besoin de mettre des mots sur ce passé, de dire ce que je n’ai jamais dit assez fort : pardon.
Cette lettre à mes enfants n’est pas une justification, mais une déclaration d’amour. C’est ma façon de reconnaître vos blessures, de vous dire que je les vois, et de vous rappeler que vous n’avez jamais été responsables de ce que nous avons traversé. Vous avez été forts, bien trop forts pour des enfants de vos âges.
« Mes enfants,
Je voudrais vous écrire ces mots que je n’ai jamais vraiment su dire.
Des mots qui pèsent lourd sur mon cœur depuis longtemps.
Des mots qui ressemblent à une excuse, mais qui sont surtout une déclaration d’amour.
Pardon.
Pardon pour cette vie d’avant et tout ce qui s’est passé quand j’ai décidé que c’était STOP.
Pardon pour les cris que vous avez entendus.
Pardon pour les silences qui faisaient plus mal encore que les cris.
Pardon pour ces jours où je n’étais pas disponible pour vos rires, trop occupée à survivre.
Pardon pour ce que vous avez eu à endurer. Pardon pour ces jours sombres. Pardon de ne pas avoir pu être là, près de vous à chaque instant. Pardon … pour tout…
Vous n’auriez jamais dû voir et vivre ça.
Vous n’auriez jamais dû porter ce poids.
C’était à moi de vous protéger, et pourtant je n’ai pas toujours su le faire.
J’ai fait comme j’ai pu, avec la peur dans le ventre et le courage au bord des lèvres.
Je sais que certains souvenirs piquent encore.
Je sais que certains soirs, vous avez dû vous endormir avec des larmes que je n’ai pas vues.
Et rien ne pourra effacer ça.
Mais sachez une chose : vous n’avez jamais été la cause de mon malheur.
Jamais.
Au contraire : c’est vous qui m’avez tenue debout.
C’est pour vous que j’ai résisté.
C’est pour vous que, malgré la peur, j’ai fini par dire stop.
Je suis partie pour vous offrir une autre vie.
Plus douce. Plus libre. Plus saine.
Je ne vous promets pas que ce sera toujours parfait, mais je vous promets que ce sera vrai.
Je vous aime d’un amour qui dépasse tout.
Un amour plus fort que mes blessures, plus grand que mes erreurs.
Et même si je n’ai pas toujours su le montrer comme je l’aurais voulu, vous êtes et vous resterez tous ma plus grande fierté.
Pardon pour cette vie d’avant.
Et merci.
Merci de m’avoir donné la force de la quitter.
Merci de m’avoir appris, sans le savoir, à croire en des lendemains plus beaux.
Je vous aime.
Pour hier, pour aujourd’hui, pour demain.
Toujours. »
Écrire ces mots n’effacera pas le passé. Mais ils me permettent de poser une pierre de plus sur le chemin de notre reconstruction.
Cette lettre à mes enfants est une façon de transformer la culpabilité en vérité, et la douleur en amour.
Comme je l’avais déjà écrit dans « A ce bébé que nous n’aurons jamais », certaines blessures nous accompagnent longtemps.
J’espère qu’un jour, vous comprendrez que j’ai fait comme j’ai pu.
Que vous verrez la force qu’il m’a fallu pour partir, et que vous saurez que tout ce que j’ai fait, c’était pour vous.
À toutes les mères qui liront ces lignes et qui se sentent coupables : sachez que vos enfants n’attendent pas une mère parfaite, mais une mère vraie. Et que parfois, dire pardon, c’est déjà dire je t’aime.
Pour celles et ceux qui traversent encore ce genre de tempête, il existe des lieux d’écoute et de soutien comme « Solidarité Femmes »
Oh Laurie,
Cette lettre je la comprends tellement.
Cette lettre j’aurais tellement voulu l’écrire ou peut-être aurais-je dû l’écrire.
Comme c’est difficile de vivre avec la sensation de ne pas avoir protégé ses enfants. Et pourtant tu n’aurais certainement pas pu faire plus.
Ces larmes que tu n’as pas vu, peut-être qu’un jour ils te le reprocheront mais tu n’aurais pas pu faire autrement. Tu as fait ce qu’il fallait au moment où il le fallait.
Tu sais ce que tes enfants ont vu, vécu, font ce qu’ils sont maintenant.
Ne t’en veux pas pour ce que tu as vécu et pas vu, l’important c’est d’avoir trouvé la force de repartir à zéro et de montrer à tes enfants que même si la vie n’est pas facile, il faut rester debout.
Profites bien de ton futur
Bisous
Nicole
Merci beaucoup. J’y compte bien ! On va profiter à fond maintenant !