Ce que je laisse derrière moi en fermant 2025 – récit d’une fin d’année
Je termine cette année comme on referme un grand tiroir trop plein.
Pas dans le bruit, ni dans l’excitation. Mais avec un souffle. Un soupir long. Un peu usé. Un peu soulagé aussi.
2025 a été une année dense, brutale parfois, traversée de gros changements et de remous que je n’attendais pas forcément.
Ce fut l’année d’après.
Après la mort du père de mes enfants.
Après toutes ces années de survie, de lutte, d’emprise, de peur, de colère enfouie.
Il est parti en octobre 2024. Et même si ce départ a été une libération pour les enfants, pour ma femme, pour moi… il a quand même laissé quelque chose d’étrange.
Comme un vertige.
Un grand désordre émotionnel surtout.
Il n’a pas emporté avec lui tout ce qu’il avait fait. Il a laissé derrière lui des blessures vives, des tensions encore là, des papiers qui s’empilent, des décisions que personne ne veut vraiment prendre. Il a laissé les cauchemars qui me réveillent la nuit et les cicatrices encore vives et douloureuses qui ont des répercussions sur ma vie d’aujourd’hui, même en ayant fuit.
Et ce fossé, toujours plus grand, entre moi et mes deux grands.
Ce fossé qui me fait mal. Qui me réveille également souvent la nuit. Qui grince dans le silence.
Cette année, j’ai avancé malgré tout.
Je me suis reconstruite encore un peu plus.
J’ai lancé des projets que je n’aurais jamais osé lancer avant.
J’ai appris et j’apprends encore à parler de moi, à m’écouter, à me faire confiance, à dire non.
J’ai aussi appris à demander de l’aide. À poser des limites. À me foutre la paix.
J’ai assumé des parts de moi longtemps cachées : mes failles, mon hypersensibilité, mon TSA et sûrement d’autres trucs, mes colères, mes rêves, sans oublier mon côté « J’aime les femmes« .
Et j’ai aimé. Je l’ai aimée. Fort. Simplement. Librement.
Mais je sens qu’en ce 24 décembre, j’ai besoin de déposer.
De laisser tomber ce que je ne veux plus porter dans la suite.
Je veux laisser derrière moi cette culpabilité de ne pas avoir su tout réparer, d’être restée si longtemps, de leur avoir fait vivre tout ça.
Ce besoin d’explication constant et de toujours vouloir tout contrôler.
Les efforts pour être comprise de ceux qui ne veulent pas écouter.
Le regard des autres sur ma manière d’être mère, d’être femme, d’être moi tout simplement.
Et cette fatigue chronique d’avoir trop contenu pendant trop d’années.
Je ne ferme pas 2025 avec un programme.
Je ferme 2025 avec de la gratitude et de la lucidité.
Je ne suis pas encore arrivée là où je voudrais. Mais je ne suis plus là où j’étais. Et ça, c’est déjà énorme.
Je me choisis. Je choisis ce que je veux garder :
le rire des enfants qui résonne dans une maison qui a enfin retrouvé du calme,
les matins encore un peu flous mais pleins d’envie,
les projets fous qui me donnent de l’élan,
et les bras de celle qui m’aime sans condition.
Je ferme doucement cette année.
Et je me prépare, tout doucement, à en écrire une autre.
Une année moins lourde.
Plus douce.
Plus alignée.
Une année vivante.
Alors ce soir, je ne fais pas de voeux spectaculaires.
Je ne promets rien.
Je me promets juste de continuer.
De tenter déposer ce qui pèse trop. De lâcher les armes.
Et de marcher plus légere, pas à pas, vers un quotidien qui me ressemble.
À celles et ceux qui referment eux aussi une année un peu lourde :
je vous souhaite la paix dans le cœur, même minuscule, même fragile.
Et la force douce de recommencer, à votre rythme.
Si ce texte vous touche parce que vous vivez ou avez vécu quelque chose de similaire, il existe des espaces d’écoute en Belgique, comme Solidarité Femmes, pour ne plus traverser ça seule.
Prenez soin de vous !
