
À la Laurie de 15 ans : lettre à l’adolescente qui a tout pris de plein fouet

À 15 ans, ma vie a basculé.
Du jour au lendemain, j’ai perdu ma maman. Et avec elle, une part de mon insouciance, de ma sécurité, de mon enfance. Ce moment-là, la façon dont je l’ai vécu, je ne l’ai jamais vraiment raconté. Jusqu’à aujourd’hui.
J’ai écrit cette lettre à mon moi adolescent, à cette version de moi qui a dû encaisser bien trop tôt. C’est une façon de revenir à l’origine de tant de choses. D’ouvrir une porte vers la compréhension, le pardon, la tendresse.
Ce texte est intime. Il parle de deuil, de survie, d’amour et de renaissance.
J’espère qu’il pourra résonner avec ceux et celles qui, comme moi, ont grandi trop vite, en silence.
À la Laurie de 15 ans,
cette ado qui a tout pris de plein fouet
Tu étais en vacances.
Ce devait être léger. Soleil, odeur de crème solaire, siestes après la baignade. Ce devait être insouciant. Et ce fut tout l’inverse.
Ce jour-là, du jour au lendemain, tu as perdu ta mère. Brutalement. Sans avertissement.
Tu as perdu ton pilier, ton refuge, ta boussole.
Tu as perdu ton enfance.
Et personne n’a su quoi faire de ta douleur.
On t’a dit d’être forte. D’avancer. D’aider les autres. Que tu étais la grande, la femme de la maison maintenant.
Alors tu as tout caché. Tout retenu. Tu t’es tue.
Tu t’es construite toute seule, bancale, dans l’urgence.
Tu n’avais que 15 ans, mais tu as grandi en accéléré.
Tu t’es mise à chercher un cadre, une épaule, quelqu’un qui dirait : « Je suis là. Tu peux poser tes valises. »
Et tu as cru le trouver.
Tu as cru à l’amour. À la protection. À la sécurité. Même si tu savais que tu te mentais.
Mais c’était un piège. Une toile. Un enfermement déguisé.
Tu ne pouvais pas le voir à 15 ans. Et ce n’est pas ta faute.
Tu n’as pas trouvé la fore et le courage de partir, même si tu y as pensé de nombreuses fois. C’était trop tard. Tu étais coincée.
Je t’ai longtemps jugée.
D’avoir dit oui trop vite, d’avoir accepté trop de choses. De ne pas avoir réagi.
Mais aujourd’hui je te regarde avec tendresse.
Parce que malgré tout ça, tu n’as jamais complètement lâché.
Tu as tenu. Tu as élevé tes enfants, porté des kilos de responsabilités sur les épaules sans jamais te plaindre. Tu as fait semblant d’aller bien pour ne pas inquiéter. Tu as souri, même quand à l’intérieur, tout était vide. Et pire encore…
Et puis un jour, tu t’es levée.
Tu as dit stop. Tu as choisi la vie, ta vie, même s’il fallait tout casser pour recommencer.
Tu es partie, sans rien. Tu as eu peur, mais tu l’as fait quand même.
Et ce courage-là, personne ne pourra jamais te l’enlever.
Aujourd’hui, je vis cette vie que tu n’osais même pas imaginer.
Une vie plus douce. Une vie d’amour vrai. Une vie libre.
Une vie, où tu es la vraie toi, en couple avec une femme formidable qui t’apporte tellement.
Je suis fière de toi. De ton chemin. De ta force invisible.
Alors je t’écris pour te dire merci.
Merci d’avoir survécu. Merci d’avoir tenu. Merci d’avoir cru, malgré tout, qu’il y avait mieux ailleurs.
Et je te promets que la suite sera belle.
Écrire cette lettre à l’adolescente que j’étais a remué bien des choses. Mais c’est aussi une manière d’honorer celle que je suis devenue. Parce que survivre, ce n’est pas seulement continuer à respirer. C’est apprendre à se relever, à aimer de nouveau, à croire qu’on mérite mieux.
Si toi aussi tu portes des cicatrices de ton adolescence, si tu ressens le besoin d’écrire à ton toi d’avant… je t’encourage à le faire. Même en quelques lignes. Même juste pour toi.
Et si tu veux partager, tu es libre de le faire ici, en commentaire.
Je te lirai. Vraiment.
Bonjour a toi , je te suis depuis un moment déjà et n ai jamais oser commenter. Mais ce texte me parle réellement profondément…moi ma vie a basculé a partir de mes 5 ans…et jusqu’à maintenant j ai affronter survécu pour mes enfants…j ai eu le courage un jour de dire stop…11 ans que la machine est lancée…mais ce n’ est pas encore fini je ne serai tranquille qu a ce moment, rongée par la tristesse la colère et l incompréhension…mais il faut puiser en soit et la vie continue…merci pour ses mots
Je te souhaite plein de bonnes choses et que tout s’apaise pour toi rapidement.
La force est en toi, peu de gens auraient eu ton courage et ta persévérance.
Merci tout plein !