
Lettre à ma mère partie trop tôt : à celle que je n’ai pas eu le temps d’assez connaître

Il y a des articles qu’on écrit avec le sourire, d’autres avec un café, et puis il y a ceux qu’on écrit avec un mouchoir pas loin.
Aujourd’hui, j’avais envie (ou peut-être besoin) d’écrire à celle qui m’a donné la vie, mais que je n’ai pas eu le temps d’assez connaître.
Un texte qui me trotte dans la tête depuis des années, mais que je n’avais jamais osé poser noir sur blanc.
Parce qu’il y a des absences qui nous accompagnent toute la vie.
Parce qu’elle est toujours là, d’une certaine façon, dans mes gestes, dans mes mots, et maintenant, dans ces lignes.
Maman,
J’avais 15 ans quand tu es partie. Quinze petites années à tes côtés, et pourtant, ça me semble si peu. À peine le temps d’apprendre à te connaître vraiment. À peine le temps de m’imprégner de ta douceur, de ton rire, de ton odeur de café du matin (ou plutôt du café de toute la journée).
Je me souviens de tes cheveux ondulés, si beaux, toujours un peu sauvages comme toi. De ta cigarette à la main, et de cette petite manie de nous dire : « Ne fumez jamais, mes enfants. C’est une connerie », (enfin c’était parfois plutôt : « si je vous vois avec une cigarette un jour … !) pendant que tu recrachais ta fumée dans l’air.
Je me souviens de ton grand cœur. De ta façon d’aimer les enfants, TOUS les enfants. De ta manière de vouloir toujours réunir la famille, de tenir tout le monde ensemble, comme un fil invisible que tu tirais sans qu’on s’en rende compte. De ton sens de l’organisation qui nous faisait penser que tout était si simple.
Je me souviens de toi, maman douce mais forte, maman qui ne se plaignait jamais, maman qui disait toujours « la pooooorte ! Je ne chauffe pas le parking ! », et qui me faisait rire même quand je faisais semblant d’être agacée.
Depuis que tu es partie, ma vie s’est écroulée, un peu comme une maison qu’on laisse à l’abandon. J’ai cherché tes bras dans mes pires tempêtes, j’ai voulu t’appeler mille fois, j’ai attendu tes conseils, j’ai eu besoin de ton regard pour me dire « ça va aller ».
J’aurais voulu que tu sois là pour mes grossesses, pour poser ta main sur mon ventre et me dire que je faisais tout bien. J’aurais voulu te voir tenir mes bébés dans tes bras, leur fredonner des berceuses ou leur glisser un bonbon en cachette. J’aurais voulu te présenter ma compagne, te voir lui sourire avec ton grand cœur, accueillir son fils comme tu aurais accueilli le monde entier. Bref, ton absence dans ma vie de femme et de maman a été et est toujours compliquée.
J’aurais voulu que tu me protèges de ce piège dans lequel je suis tombée, que tu me cries de fuir avant d’y rester vingt ans. J’aurais voulu te raconter mes peurs, mes joies, mes petites victoires et mes gros échecs. J’aurais voulu que tu sois là, tout simplement.
Il n’y a pas un seul jour où je ne pense pas à toi. Pas un seul moment important où ton absence ne se fait pas sentir.
J’ai mis du temps à réussir à parler de toi à mes enfants. Comme si en parler te faisait partir encore un peu plus loin. Aujourd’hui, je leur dis. Je leur dis combien tu étais formidable. Je leur montre les rares photos qu’il me reste. Je leur raconte tes blagues, je leur répète ta fameuse phrase sur le parking, et je souris. Je souris parce qu’au fond, tu es toujours là, quelque part.
J’ai même fait graver une image de nous sur ma peau. Un tatouage pour que tu sois toujours près de moi. A partir d’une photo que j’adore et qui me ramène à tellement de souvenirs, notamment à Jemelle. C’est ma femme qui me la offert pour mon anniversaire. Et quel cadeau !
Si je pouvais te dire une seule chose aujourd’hui, ce serait : Tu me manques. Tu me manques d’une façon que personne ne pourra jamais combler. Je t’aime, maman. Je donnerais tout pour pouvoir te serrer dans mes bras encore une fois, sentir ton odeur, entendre ta voix, poser ma tête contre ton cœur. Juste une fois.
J’espère que, là où tu es, tu me vois. Que tu vois mes enfants, ma famille, que tu nous protèges, que tu sais à quel point tu continues de vivre en moi. Et j’espère que tu t’éclates avec nos autres étoiles là haut.
Je t’aime.
Pour toujours.
Écrire ces mots, c’est un peu comme lui dire « je t’aime » encore une fois.
C’est aussi une façon de la faire exister pour mes enfants, pour celles et ceux qui me lisent, pour moi.
Comme dans ma lettre à ce bébé que nous n’aurons jamais, j’avais besoin de poser ces mots, même si c’est difficile.
Si tu as toi aussi une personne chère qui te manque, je t’envoie un énorme câlin virtuel.
Et je te souhaite, comme moi en ce moment, de trouver un petit coin de douceur pour la sentir encore un peu plus près.
Prenez soin de vous. 💛
Et toi, y a-t-il quelqu’un que tu aimerais serrer fort aujourd’hui ? N’hésite pas à partager ton histoire en commentaire ou en message privé
Note : Si tu ressens le besoin de parler ou d’être accompagné, je te laisse ici un lien vers Petite Émilie qui propose écoute et ressources pour avancer pas à pas.
Je me souviens très bien de ta maman.
On était juste voisin, et j’étais jeune.
Mais chaque fois qu’elle me voyait, j’avais droit à un petit mot gentil et un magnifique sourire.
Ta maman était vraiment une très bonne personne, toujours souriante.
De là où elle est je suis certaine qu’elle veille sur toi et ta famille.
Courage à toi
Merci beaucoup !