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Lettre à celle que j’ai été pendant 20 ans : aimer – survivre – renaître

Lettre à celle que j’ai été pendant 20 ans : aimer – survivre – renaître

Pendant vingt ans, j’ai vécu sous emprise.
Je n’en avais pas conscience. Je pensais que c’était ça, la vie.
Aujourd’hui, j’ai eu besoin d’écrire à celle que j’ai été. De lui dire ce que je n’ai jamais pu lui dire.
Cette lettre à mon moi d’avant, je la partage ici, parce que peut-être qu’elle résonnera avec toi, avec une autre, avec une femme qui doute encore.

Toi.

Toi que j’ai été trop longtemps sans jamais te regarder vraiment.
Toi que j’ai tant de fois fait taire à l’intérieur de moi.

Je t’écris aujourd’hui avec les mains qui tremblent un peu.
Pas parce que j’ai peur de te parler, mais parce que je réalise enfin ce que tu as traversé. Ce que tu as enduré. Ce que tu as cru devoir accepter pour survivre.

Vingt ans.

Vingt ans à t’effacer lentement.
Vingt ans à faire passer tout le monde avant toi. À t’excuser d’exister.
Vingt ans à vivre dans une maison où le silence faisait plus de bruit que les cris.
À faire semblant, tout le temps.
À sourire devant les autres et à pleurer en silence dans la cuisine ou au sous sol.

Tu étais seule.
Même entourée.
Même avec sept enfants autour de toi, tu étais seule.
Parce qu’on t’avait appris que ton ressenti ne comptait pas. Que tes peurs étaient exagérées. Que tout ce qui allait mal, c’était à cause de toi.

Tu t’es crue folle.
Tu t’es crue faible.
Tu t’es crue incapable – Tu t’es crue coupable.

Tu t’es regardée dans le miroir sans te reconnaître.
Tu t’es dit que c’était ça, ta vie.
Qu’il fallait faire avec.

Mais tu n’étais pas folle.
Tu étais sous emprise.
Et tu faisais ce que toutes les femmes fortes font quand elles n’ont plus de marge de manœuvre : tu tenais.

Tu as tenu debout alors que tout en toi criait de fuir.
Tu as protégé tes enfants autant que tu as pu.
Tu as encaissé des mots qui auraient détruit d’autres.
Tu as subi des menaces, des manipulations, des humiliations, des gestes, des faits — sans témoin.
Et tu t’es tue. Parce que tu avais peur qu’on ne te croie pas. Ou pire : qu’on t’accuse d’envenimer les choses. Et puis, tu as fini par trouver ça normal.

Mais ce que je veux que tu saches aujourd’hui, c’est que je te vois.
Je vois tout ce que tu as fait pour survivre.
Tout ce que tu as sacrifié.
Tout ce que tu as enduré sans jamais flancher complètement, tout le mal que tu t’es infligé.

Et un jour, tu as dit stop.

Pas parce que c’était facile.
Mais parce que tu étais arrivée au bout de ce que ton corps, ton cœur, ton âme pouvaient supporter. Parce que ça avait été trop loin et que ça irait toujours plus loin, tu l’avais bien compris maintenant. Et parce que tu as vu une porte de sortie qui t’a fait te rendre compte qu’autre chose était possible.
Parce que tu as regardé le vide, et que tu t’es dit : « Ce n’est pas la fin. Je mérite mieux. »

Tu es partie.
Tu t’es retrouvée face au chaos.
35 ans, sans argent. Avec la peur au ventre. Avec sept enfants. Et une vérité que tu ne pouvais plus ignorer : tu aimais les femmes.

Tu n’étais pas celle qu’on avait voulu façonner.
Tu étais toi.
Et tu as osé le dire. L’assumer. Le vivre. Même si c’était violent. Même si ça a tout explosé autour de toi. Même si tu as perdu des membres de la famille, des amies et même des malheureusement des enfants dans cette tempête.

Tu as tenu bon.
Tu t’es relevée.
Tu as reconstruit une vie à toi, libre, fragile, mais vraie.

Et aujourd’hui, je vis grâce à toi.
Grâce à ton courage. Ta ténacité. Ton amour immense.

Alors non, tu n’étais pas faible.
Tu étais forte.
Tu étais puissante.
Et tu mérites d’être aimée. Entièrement. Comme tu es.

Merci d’avoir survécu.
Merci d’avoir résisté.
Merci de m’avoir laissé la chance de vivre enfin, libre et aimée.

Je ne t’oublierai jamais.
Parce que tu es la racine de tout ce que je suis aujourd’hui.
Et je suis fière de toi.

La nouvelle moi.

Écrire cette lettre à celle que j’ai été pendant 20 ans a été un mélange de douleur et de délivrance. Je l’ai commencée il y a très longtemps. Restant des longs moments sans pouvoir l’ouvrir pour la terminer, sans oser la relire.
Pendant longtemps, j’ai cru que j’étais faible, incapable, perdue. Aujourd’hui, je sais que j’étais forte. Que je survivais. Que je faisais comme je pouvais, avec ce que j’avais.

Ces vingt années m’ont brisée à certains endroits… mais elles m’ont aussi rendue forte.
Elles m’ont appris à reconnaître ma valeur, à choisir la liberté, à accueillir enfin l’amour.

Si toi aussi, tu as traversé des années d’ombre, souviens-toi : tu n’es pas seule.
Et si tu en es encore au milieu de la tempête, j’espère que ces mots pourront t’apporter une étincelle d’espoir. Parce qu’un jour, toi aussi, tu respireras à nouveau. Je te le promets !

A propos de l'auteur

Laurie_Numsfamily

Laurie, celle qui se reconstruit !

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